louise a.

s’habiller de lumière

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Marie Casanova

Article écrit le | 7 juillet 2010 | Pas encore de commentaire

Le gravier crissait sous leurs pas. Les pins, grésillant de cigales, se délestaient sur eux de leur trop plein d’odeur. L’haleine de midi était forte aussi des arômes de thym, de laurier, de romarin, d’autres parfums encore à flairer, des plantes à cueillir, à froisser dans ses mains pour en extraire l’essence, respirer, tomber par terre, s’allonger là, sourire à ce toujours. Etre heureuse, être folle de la vie. Je me saoule d’azur pensait Madeleine, le monde est un poème et moi je suis dedans.

Sur le terrain à défricher, tout autour de la maison, Joseph, lui, repérait déjà les bons endroits pour planter les tomates, les aubergines, les courgettes, les poivrons, et même quelques vignes. Il se sentait bien à l’idée de retrouver les vieux gestes, piocher, planter, arrroser. Suivre la croissance, avoir la patience, une ancienne vertu, et enfin cueillir, et porter, déposer sur la table sa récolte en offrande. Retrouver cette belle familiarité avec la terre, c’était du bonheur. Il soupira en pensant : dire que j’avais oublié qu’être heureux c’est aussi simple que cela.

La porte et les volets résistèrent un peu avant de s’ouvrir. Au nom du Père, du Fils, du Saint-Esprit, trois colombes s’envolèrent du toit. La lumière, depuis le temps qu’elle frappait aux persiennes, s’engouffra dans la maison, en prit possession violemmment, puis, une fois installée, à l’aise dans chaque pièce, elle se calma. Le vieux bahut craqua, et avec lui craquèrent tous les autres meubles comme on s’étire, comme on baille, comme on rit aux éclats.

 

 

in Et l’odeur des narcisses, Galaade éditions, 2009

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