Nous autres, Stéphane Audeguy
Article écrit le | 4 mars 2009 | Pas encore de commentaire
J’aime les romans de Stéphane Audeguy. Depuis La théorie des nuages en passant par Fils unique. J’aime. Et le dernier n’échappe pas à la règle.
Audeguy a le goût du romanesque au sens noble du terme. Il me transporte « hors de moi ». Je suis embarquée ailleurs. Loin de moi et des mes obsessions. Loin de mon quotidien et de ses tyrannies. Je quitte ma vie pour un peu de temps nécessaire. Un ressourcement. Un recueillement. J’aime cet état de grâce, de jubilation. Cette part de rêve que me procurent ses romans.
Et il y a le style Audeguy. La beauté de ses phrases, leur rythme. Depuis que j’écris de la poésie, je ne sais plus faire de « belles » phrases. Je ne sais plus que les morceler. Je cherche, à tout prix, à éviter le tralalalère de l’écriture, son flonfon, son pompeux. Insupportable à l’oreille. Insupportable d’impudeur. Mais les « belles phrases » de Stéphane Audeguy j’aimerais savoir les écrire. Elles ont le goût du grand large, de l’horizon à l’infini.
Audeguy évite, avec intelligence, de développer les caractéristiques psychologiques de ses personnages. Il sont un peu comme des coquilles vides (je pense à Antoine, Nous autres ou à Virginie Latour, La théorie des nuages) Ils ne valent que par leurs actes. Et c’est grâce à ce renoncement au psychologique que le romanesque prend ampleur et essor. Les romans de Stéphane Audeguy sont subtils, exigeants, intelligents parce qu’ils sont écrit pour le lecteur. Lecteur dont il a la plus grande estime.
Des hommes et des femmes, le vêtement impeccable, la démarche élégante, s’avancent vers cette route et leurs pieds sont nus, ils tiennent à la main leurs chaussures. Dans le froid et le silence sortant des bidonvilles et des vallées humides, ils prennent leur place dans la file de ceux qui descendent vers la ville, et bientôt ils traversent le parc Uhuru, ils se rincent les pieds à de mornes fontaines, enfilent leurs chaussures et s’en vont travailler. Pendant une semaine, Pierre se promène, sans autre boussole que le hasard.
Tags : admiration > critique littéraire > romans
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